Jadis la destination la plus recherchée des touristes internationaux en Afrique de l’Ouest à cause de son riche patrimoine culturel et ses sites touristiques historiques fascinants, le Mali semble être devenu l’ombre de lui-même, abandonné par des investisseurs du secteur et des touristes qui craignent des attaques terroristes, des kidnappings, l’instabilité politique récurrente et surtout une montée flagrante de l’afrophobie et des sentiments anti-occidentaux. Et pourtant, avant la succession des crises, le tourisme contribuait environ 5% au Produit intérieur brut (PIB) du pays. De nos jours, cet apport atteint difficilement 1%. Des chiffres qui symbolisent la triste fin d’une époque florissante où les touristes locaux et internationaux se baladaient librement le long du fleuve Niger et marchaient joyeusement dans les rues du pays Dogon, de Bamako, Gao, Djenné et Tombouctou.
Issa DA SILVA SIKITI
Le nombre de touristes au Mali est passé de 98 000 en 2002 à 250 000 en 2007; les recettes provenant du secteur touristique sont passées de 64,648 milliards de francs CFA en 2001 à 110 milliards de FCFA en 2007, selon les chiffres de l’Office du tourisme et de l’hôtellerie, cités par Wikipédia. Puis, c’était la lune de miel.
« En 2013, les investissements touristiques se sont établis à 7,659 milliards de FCFA contre 5,26 milliards de FCFA en 2012, soit une hausse de 45,6%. Cette hausse était en lien notamment avec la stabilité socio-politique et économique du pays. Cependant, la crise politico-sécuritaire a causé d’énormes dégâts au secteur. Elle s’est manifestée par l’abandon de la destination, la fermeture de certains établissements de tourisme, la destruction d’autres, le licenciement ou la mise en chômage technique des agents », regrette le ministère malien de la planification, de l’aménagement du territoire et de la population dans un document de recherche.
Avant 2009, soutient l’ONU commerce et développement dans un récent rapport sur le tourisme au Mali, le centre et le nord du Mali étaient la destination préférée des touristes, une zone comprenant les régions de Mopti, Gao, Bandiagara et Tombouctou. Mais la crise sécuritaire de 2012 les a contraints à se limiter plus au sud (Kayes, Koulikoro, Koutiala, Bamako et Ségou), créant ainsi une nouvelle convergence qui gênera des conséquences désastreuses pour le tourisme central et nordique, dont les revenus faisaient vivre des centaines de familles.
« Le niveau élevé de la crise sécuritaire réduit l’activité touristique aux villes de Bamako, Kayes, Sikasso et Koulikoro. Les zones rurales, même dans le sud du pays, sont fortement déconseillées aux touristes », indique l’ex-CNUCED.
Sauve qui peut
Passant de 60 en 2010 à 25 en 2016, les entreprises d’hébergement se fermèrent l’une après l’autre, celles de restauration (de 51 en 2010 à 24 en 2016) emboitèrent le pas, à cause de la rareté des touristes qui désertèrent le Mali, afin de sauver leur peau des griffes des djihadistes et des bombardements incessants et parfois « aveugles » de l’armée malienne et ses supplétifs russes.
« Le renversement d’IBK (ancien président malien) et la crise politico-militaire qui s’en est suivie a complètement paralysé le secteur. Même la capitale n’est plus un lieu sûr. La preuve tangible est l’enlèvement du prêtre catholique allemand, Hans-Joachim Lohre, en novembre 2022 en plein cœur de Bamako. Donc, le tourisme malien est au point mort », a déploré un ancien travailleur du secteur.
Le tourisme malien est au point mort