Les pluies torrentielles exceptionnelles qui secouent le Mali depuis juillet 2024 – les plus importantes depuis 1967 – ont déjà causé d’importants dégâts humains, matériels et agricoles, dont 544 172 ha de cultures submergées au 15 septembre, selon les chiffres fournis par Data in Emergencies Monitoring System (DIEM), un système de suivi satellitaire des inondations de la FAO. Les agriculteurs crient au secours, appelant la junte militaire à activer rapidement le Fonds national des risques et des calamités agricoles. Et pourtant, le secteur agricole occupe 70% de la population active, contribue à peu près 40% au Produit intérieur brut (PIB).
Issa DA SILVA SIKITI
« L’évolution de la campagne agropastorale en cours est perturbée par des inondations liées aux fortes pluies et à la forte crue sur les cours d’eau qui ont engendré des pertes importantes de superficies de cultures pratiquement dans toutes les régions, y compris dans des bassins de production. La réduction des superficies liée à l’insécurité combinée aux pertes de superficies par inondation et dégâts en plus des difficultés d’accès aux intrants agricoles (engrais, pesticides), engendreront une baisse des productions agricoles en dessous de la moyenne dans le pays », a indiqué la Famine Early Warning System Network (FEWS NET), cité par Reliefweb.
« Près de 40% des agriculteurs vont avoir des problèmes; il y a des champs qui ont complètement disparu sous les eaux, des gens qui récoltent leur maïs dans des pirogues, des champs de coton complètement submergés avec des récoltes complètement détruites », a souligné Ibrahima Coulibaly, président de la Confédération nationale des organisations paysannes du Mali, cité par RFI.
Des leçons à tirer
Ces inondations, qui résultent des effets du changement climatique, ont déjà fait 84 morts et plus de 350 000 sinistrés, selon le dernier bilan du Comité interministériel de gestion des crises et des catastrophes naturelles. Bon nombre d’observateurs craignent déjà une détérioration de la sécurité alimentaire dans un pays déjà meurtri par le terrorisme, les coups d’État, la faim, l’instabilité politique et les déplacements internes massifs.
Pendant que l’Organisation internationale de migration (OIM) multiplie les efforts pour aider les victimes et les militaires réfléchissent sur l’aide à apporter aux agriculteurs sinistrés, le média en ligne Malijet tape du poing sur la table : « Il y a beaucoup de leçons à tirer des inondations survenues au Mali et, plus particulièrement, à Bamako. Située sur les deux rives du fleuve Niger, la capitale se trouve dans le bas-fond. Cette situation géographique nécessite un plan d’aménagement du tissu urbain pour éviter les inondations.
« Malheureusement, le cadastre ou le plan d’urbanisme élaboré, à cet effet, a été mis de côté pour laisser la place à des occupations anarchiques et au morcellement des terrains avoisinants qui ont été vendus aux plus nantis du pays. Et avec la crue débordante du fleuve Niger, certains riverains ont abandonné leur maison dans laquelle stagne l’eau et d’autres pour y accéder sont obligés de marcher sur des sacs remplis de sable ».
Les inondations au Mali ont sévèrement impacté l’agriculture