Dans son rapport de notation sur le Mali, publié le 2 décembre 2025, l’agence internationale de notation financière Moody’s prévoit une accélération de la croissance économique du pays en 2025, malgré la crise du carburant et un contexte sécuritaire toujours fragile.
Selon un article de nos confrères de Sika Finance, Moody’s estime que le PIB réel du Mali progressera de 4,9 % en 2025, contre 4,7 % en 2024. Cette évolution traduit la résilience de l’économie malienne face aux chocs internes et externes.
La hausse anticipée repose essentiellement sur la contribution de plusieurs secteurs clés : l’agriculture, qui demeure le pilier de l’économie malienne. Le commerce et les transports, stimulés par la demande intérieure et régionale. Le secteur minier, dont les exportations soutiennent les recettes publiques.
Sur le plan budgétaire, Moody’s anticipe également un déficit d’environ 3 % du PIB en 2025, contre 2,6 % en 2024, tandis que le déficit courant resterait stable à 4,9 %.
Lors de sa dernière évaluation, l’agence a attribué au Mali la note souveraine Caa2 en devises étrangères, un niveau jugé très risqué et proche du défaut. Moody’s justifie ce choix par le manque de diversification de l’économie et la faiblesse des institutions.
Cette prévision intervient alors que le pays vient de connaître une crise du carburant, aggravée par les tensions sécuritaires dans certaines régions. Moody’s souligne toutefois que ces difficultés n’ont pas eu d’impact majeur sur la trajectoire globale de l’économie.
Pour le Dr. Mamadou Konaté, économiste à Bamako, ces prévisions traduisent une certaine confiance dans la capacité du Mali à maintenir une croissance positive malgré les contraintes.
« La progression de 4,9 % en 2025 est encourageante, mais elle reste fragile. L’agriculture, bien qu’essentielle, demeure dépendante des aléas climatiques. Le secteur minier, quant à lui, soutient les recettes publiques, mais il expose le pays à une forte dépendance vis-à-vis des cours mondiaux. Sans diversification, la résilience de l’économie pourrait être compromise en cas de chocs externes », explique-t-il.
Il insiste sur la nécessité de renforcer les réformes structurelles et d’investir dans l’industrialisation pour réduire la vulnérabilité du pays.
De son côté, Fatoumata Traoré, statisticienne spécialisée en données macroéconomiques, souligne l’importance de relativiser ces chiffres.
« Une croissance de 4,9 % peut sembler significative, mais rapportée à la croissance démographique du Mali, estimée à près de 3 %, le gain réel par habitant reste limité. Autrement dit, l’amélioration du niveau de vie des populations ne sera pas aussi marquée que le chiffre global pourrait le laisser croire », précise-t-elle.
Elle ajoute que la stabilité des déficits budgétaire et courant est un signal positif, mais que leur persistance à des niveaux élevés traduit une fragilité structurelle qu’il faudra surveiller.
Pour Moody’s, la capacité du Mali à maintenir une croissance positive malgré les crises témoigne d’une résilience structurelle. Cette perspective pourrait renforcer la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux, même si les risques politiques et sécuritaires demeurent très élevés.
Les experts maliens, eux, rappellent que la croissance ne sera durable que si elle s’accompagne de diversification économique, de réformes institutionnelles et d’une meilleure prise en compte des réalités démographiques.
Souleymane Coulibaly
