La récente décision de porter le mandat présidentiel au Bénin de cinq à sept ans suscite de vives réactions au-delà des frontières béninoises. Au Mali, cette réforme institutionnelle est suivie avec attention, dans un contexte où les débats sur la gouvernance et la durée des mandats présidentiels restent particulièrement sensibles.
Pour une partie des Maliens, l’allongement du mandat apparaît comme une expérience politique à observer. Selon eux, une durée plus longue pourrait offrir davantage de stabilité et permettre aux dirigeants de mener à bien leurs projets de développement, souvent freinés par la brièveté des cycles électoraux.
D’autres, en revanche, expriment des réserves. Ils redoutent que cette réforme soit perçue comme un recul démocratique, en réduisant la fréquence de l’alternance et en concentrant davantage de pouvoir entre les mains d’un seul dirigeant.
Abdoulaye Diarra, politologue: « L’allongement du mandat présidentiel peut offrir une stabilité institutionnelle, mais il doit s’accompagner de garde-fous démocratiques pour éviter toute dérive autoritaire. »
Aminata Traoré, étudiante en droit constitutionnel à la Faculté des sciences politiques et juridiques de Bamako : « Ce qui compte, ce n’est pas la durée du mandat, mais la capacité des institutions à garantir la transparence et la participation citoyenne. »
Moussa Sangaré, journaliste : « Les Maliens observent avec attention cette réforme au Bénin. Dans l’espace UEMOA, le Bénin est souvent cité comme un modèle de gouvernance. Cependant, cette révision pourrait inspirer ou inquiéter selon la manière dont elle sera appliquée et perçue par la population béninoise. »
Ces trois voix apportent un éclairage complémentaire : l’universitaire insiste sur les enjeux institutionnels, l’étudiante sur la gouvernance, et le journaliste sur la perception régionale.
Les acteurs de la société civile malienne rappellent que la durée d’un mandat ne garantit pas, à elle seule, une meilleure gouvernance. Pour eux, un mandat plus long n’a de sens que si les institutions de contrôle et de transparence sont renforcées.
Au-delà du Mali, la décision béninoise alimente un débat plus large sur l’évolution des systèmes politiques en Afrique de l’Ouest. Les Maliens interrogés estiment que la question de la durée des mandats ne peut être dissociée des enjeux de gouvernance, du respect des libertés et de la consolidation démocratique.
Souleymane Coulibaly
