En marge de la dernière session du comité de politique monétaire, tenue le 3 décembre à Dakar, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a annoncé le maintien de ses principaux instruments de régulation. Le taux directeur reste fixé à 3,25 %, le taux du guichet des prêts marginaux à 5,25 %, tandis que le coefficient des réserves obligatoires demeure à 3 %. Cette décision traduit la volonté de l’institution financière sous-régionale de préserver la stabilité monétaire dans un contexte marqué par des incertitudes économiques mondiales et des pressions inflationnistes modérées au sein de l’Union.
Selon les explications fournies par le gouverneur de la BCEAO, le maintien des taux vise à soutenir la résilience des économies de l’UEMOA, tout en évitant de fragiliser la reprise post-crise. Les autorités monétaires privilégient une approche prudente, cherchant à équilibrer la lutte contre l’inflation et le soutien à la croissance.
Pour certains banquiers maliens, cette décision de la BCEAO constitue une mesure rassurante, d’abord pour les marchés financiers régionaux en général, mais particulièrement pour les banques maliennes dans un contexte économique difficile.
« En maintenant le taux directeur à 3,25 %, la BCEAO envoie un signal de stabilité aux investisseurs. Cela permet aux banques commerciales de continuer à offrir des crédits à des conditions relativement favorables, sans craindre une hausse brutale du coût de refinancement », confie un banquier malien sous couvert d’anonymat.
Selon lui, cette constance contribue à renforcer la confiance des acteurs économiques et à soutenir le financement des entreprises, notamment dans les secteurs productifs.
De leur côté, certains économistes et gestionnaires soulignent que la BCEAO doit composer avec des pressions inflationnistes liées aux importations de produits alimentaires et énergétiques.
« Le maintien des taux traduit une volonté de ne pas étouffer la dynamique de croissance dans l’UEMOA. Toutefois, la Banque centrale devra rester vigilante : si l’inflation repart à la hausse, une révision des taux pourrait s’imposer », analyse Dr Ibrahim Cissé, enseignant à l’Université des sciences économiques et de gestion de Bamako.
Il rappelle que la stabilité monétaire est essentielle pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, mais qu’elle doit s’accompagner de politiques budgétaires et structurelles favorisant la production locale.
Pour les observateurs, la décision de la BCEAO reflète une stratégie de continuité, privilégiant la prudence dans un environnement économique encore fragile. Ils estiment que les prochains mois seront déterminants : l’évolution de l’inflation, la dynamique des marchés internationaux et la capacité des États membres à stimuler la production locale orienteront les futures décisions de politique monétaire.
Souleymane Coulibaly
