La révélation d’une dette « dissimulée » estimée à près de 7 milliards de dollars au Sénégal a provoqué de vives inquiétudes dans la sous-région. Au-delà des frontières sénégalaises, cette situation pourrait avoir des répercussions directes sur l’économie ivoirienne, fortement exposée aux engagements financiers de Dakar.
Les économistes soulignent que les autorités sénégalaises recourent de plus en plus au marché financier de l’Umoa-titres pour combler leurs besoins budgétaires. la semaine dernière, le pays a mobilisé 98,99 milliards FCFA grâce à une émission combinée de bons assimilables du trésor (bat) à 364 jours et d’obligations assimilables du trésor (OAT) de 3 et 5 ans. Les investisseurs ivoiriens ont représenté une part importante des souscriptions, confirmant la dépendance croissante de Dakar vis-à-vis d’Abidjan.
Un rapport de S&P global ratings, largement relayé par la presse économique ouest-africaine, révèle que 42 % de la dette sénégalaise sur le marché régional est détenue par des banques ivoiriennes. Cette exposition massive accroît les risques d’une perte de confiance dans la signature sénégalaise et pourrait provoquer des tensions de liquidité au sein de l’Uemoa.
La crise de la dette sénégalaise dépasse largement le cadre national. Elle menace directement la stabilité de l’ensemble de l’union monétaire ouest-africaine, où les marchés financiers sont étroitement interconnectés. Pour la côte d’ivoire, première économie de l’union, les conséquences pourraient se traduire par une hausse du coût du financement sur le marché régional, une pression accrue sur les réserves de liquidité des banques et un ralentissement des investissements et de la croissance économique.
Les spécialistes des questions économiques financières estiment que la gestion de cette dette « cachée » sera déterminante pour préserver la confiance des investisseurs. Une transparence budgétaire renforcée et une discipline financière accrue du Sénégal apparaissent indispensables pour éviter une crise de confiance susceptible de déstabiliser non seulement la côte d’ivoire, mais l’ensemble de l’Uemoa.
Pour l’heure le bras de fer entre les autorités dakaroises et le fonds monétaire international continue pour trouver une issue sur la question de restructuration de cette dette.
Souleymane Coulibaly
