(L’ÉCONOMISTE DU MALI)- L’économie malienne se trouve à la croisée des chemins. Si sa croissance reste soutenue, elle est fragilisée par une inflation record et une forte exposition aux aléas mondiaux. La clé réside dans une stratégie de diversification, une meilleure maîtrise des risques externes et une valorisation des ressources émergentes comme le lithium. C’est dans cette capacité à transformer les contraintes en leviers que se joue l’avenir économique du Mali.
Historiquement, le Mali s’est distingué par sa capacité à contenir l’inflation 0,7 % en 2020 et 2,1 % en 2023 selon les dernières statistiques de l’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT).Mais depuis 2024 il enregistre désormais l’un des taux d’inflation les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Pour l’économiste malien Modibo Mao Makalou, ancien sherpa de la Commission de l’Union africaine et du Nepad, et ex-conseiller aux affaires économiques et financières de la Présidence du Mali, cette flambée s’inscrit dans un contexte de turbulences multiples.
« Nous faisons face à une conjoncture internationale défavorable, à une insécurité persistante, à des tensions géopolitiques, à une forte dépendance aux échanges extérieurs et aux impacts croissants du changement climatique», explique-t-il tout en précisant que malgré ces turbulences l’économie malienne affiche une croissance modérée.
« Sur le plan macroéconomique, l’économie malienne affiche une croissance modérée mais constante, avec une moyenne de 5 % au cours des trois dernières années. Ce rythme, bien que encourageant, est aujourd’hui mis à rude épreuve par une inflation galopante qui marque un tournant préoccupant depuis le début de l’année 2025 ».
Une économie extravertie et vulnérable, le Mali reste fortement dépendant du commerce international, ce qui représente près de 60 % de son activité économique à en croire M. Makalou.
« Cette extraversion rend le pays particulièrement sensible aux chocs exogènes, notamment aux fluctuations des prix du pétrole, du coton et de l’or. Ce dernier, bien qu’étant historiquement le pilier des exportations maliennes représentant près de 90 % des recettes à l’export n’a pas permis de stabiliser durablement l’économie face aux crises successives », explique-t-il.
Cependant le Mali se dirige vers une diversification minière ce qui constitue un tournant stratégique et pourrait cependant émerger avec l’exploitation de deux mines de lithium en 2025. Cette initiative pourrait propulser le Mali au rang de premier producteur africain de ce minerai stratégique.
« Cette avancée offre une double opportunité : atténuer les effets des chocs extérieurs et amorcer une diversification de la production minière. En s’émancipant progressivement de sa dépendance à l’or, le pays pourrait renforcer sa résilience économique et élargir sa base exportatrice », conclut l’économiste.
O.M