La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a haussé le ton face à la crise politique qui secoue la Guinée-Bissau. Une mission de haut rang s’est rendue ce lundi à Bissau, conduite par le président sierra-léonais Julius Maada Bio, actuel président en exercice de l’organisation régionale.
En l’espace de cinq ans, l’Afrique de l’Ouest et centrale ont connu une série de bouleversements institutionnels : Mali, Niger, Burkina Faso, Gabon, Madagascar et désormais la Guinée-Bissau. Face à cette recrudescence, la CEDEAO a vigoureusement dénoncé le coup d’État bissau-guinéen, rappelant son attachement aux principes démocratiques et à la stabilité institutionnelle dans la sous-région.
La délégation conduite par Julius Maada Bio a soumis aux nouvelles autorités militaires deux exigences majeures : la publication immédiate des résultats électoraux, afin de rétablir la transparence et la légitimité du processus démocratique et la libération des figures politiques emprisonnées, considérée comme une étape essentielle pour apaiser les tensions et favoriser un dialogue inclusif.
Au Mali, cette médiation de la CEDEAO suscite des réactions contrastées.
Une partie de l’opinion publique estime que l’organisation régionale agit davantage sous l’influence de puissances extérieures, et que ses ultimatums manquent de neutralité. Pour ces Maliens, la CEDEAO devrait privilégier le dialogue et l’écoute des réalités locales plutôt que des injonctions perçues comme imposées.
D’autres, en revanche, considèrent que l’intervention de la CEDEAO est nécessaire pour éviter que la Guinée-Bissau ne s’enfonce dans une crise prolongée. Ils voient dans cette médiation une tentative de préserver la stabilité régionale et de rappeler l’importance des règles démocratiques.
Certains observateurs maliens soulignent que l’efficacité de la CEDEAO dépendra de sa capacité à regagner la confiance des peuples, après des années de tensions avec les régimes militaires de Bamako, Niamey et Ouagadougou.
Cet ultimatum traduit la volonté de la CEDEAO de maintenir la Guinée-Bissau dans le giron démocratique, alors que la sous-région est déjà fragilisée par une succession de crises politiques et militaires. La pression exercée par l’organisation vise à éviter un isolement du pays et à préserver la stabilité régionale. Mais pour de nombreux Maliens, la crédibilité de cette démarche dépendra moins des discours que de la capacité réelle de la CEDEAO à accompagner les transitions sans parti pris.
Souleymane Coulibaly
