Le 12 décembre 2015, lors de la COP21 à Paris, 195 pays adoptaient un accord historique visant à contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C, avec l’ambition de tendre vers 1,5 °C. Dix ans plus tard, l’heure est au bilan : entre progrès notables et échecs préoccupants, l’Accord de Paris demeure un jalon majeur, mais inachevé, de la gouvernance climatique mondiale.
Pour la première fois, presque tous les pays du monde se sont engagés dans un même cadre, créant une base commune pour l’action climatique. Les États ont présenté des contributions déterminées au niveau national (NDCs), qui orientent leurs politiques énergétiques et environnementales.
L’Accord a favorisé une croissance massive des investissements dans le solaire, l’éolien et les technologies propres. Les pays développés ont promis 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays en développement dans leur transition énergétique et leur adaptation. Il a renforcé la pression citoyenne et stimulé la mobilisation des entreprises, des collectivités locales et de la société civile.
Dix ans après, même renforcés, les engagements actuels placent le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,4 à 2,7 °C d’ici la fin du siècle, loin de l’objectif de 1,5 °C. Les 100 milliards promis n’ont pas été atteints chaque année, et les besoins réels des pays vulnérables dépassent largement cette somme. Le charbon, le pétrole et le gaz demeurent dominants dans le mix énergétique mondial. L’Accord repose sur la bonne volonté des États, sans mécanisme de sanction en cas de non-respect. Les pays les plus pauvres, pourtant les moins responsables des émissions, subissent déjà de plein fouet les impacts du changement climatique : sécheresses, inondations, insécurité alimentaire.
L’Accord de Paris a marqué une étape décisive en instaurant une gouvernance climatique mondiale. Toutefois, ses dix premières années révèlent un décalage persistant entre ambitions et mise en œuvre. Pour espérer atteindre l’objectif de 1,5 °C, il faudra : accélérer la sortie des énergies fossiles, augmenter massivement les financements pour l’adaptation, renforcer la transparence et la responsabilité des États, intégrer davantage les pays émergents et les acteurs non étatiques dans les solutions.
Khadidiatou M. Maïga