De l’océan Indien au golfe de Guinée, la mini-tournée africaine d’Emmanuel Macron la semaine dernière à l’Île Maurice, en Angola et au Gabon a marqué une nouvelle étape dans la redéfinition des relations franco-africaines. Entre diplomatie climatique, partenariats énergétiques et ambitions régionales, retour sur les principaux enjeux économiques de cette séquence.
Première escale, l’Île Maurice a accueilli le président français dans un climat de coopération renforcée. La France s’est engagée à soutenir la surveillance des zones économiques exclusives (ZEE) en partenariat avec les garde-côtes mauriciens. Des accords ont été signés pour appuyer la digitalisation des services publics et renforcer les compétences des jeunes dans les métiers du numérique. Paris propose un appui technique pour développer une offre touristique axée sur la préservation des écosystèmes marins, dans une logique d’économie bleue.
À Luanda, Emmanuel Macron a participé au mini-sommet Union européenne–Union africaine, coorganisé avec le président João Lourenço. Des discussions autour de projets communs dans le gaz naturel liquéfié (GNL), les énergies renouvelables et la décarbonation des infrastructures.
Paris a proposé un appui technique pour moderniser les chaînes de valeur agricoles, avec un accent sur la formation, l’irrigation et la transformation locale. Luanda s’affirme comme un pont entre l’Afrique centrale et australe, une ambition soutenue par Paris dans une logique de coopération triangulaire avec l’Europe.
Dernière étape à Libreville, le Gabon a accueilli Emmanuel Macron dans la continuité du One Forest Summit de 2023. La France a annoncé un financement de 150 millions d’euros pour soutenir la traçabilité du bois, la lutte contre la déforestation et la valorisation des services écosystémiques.
Au-delà du pétrole, Libreville veut développer l’agro-industrie, les services et les industries culturelles, avec l’intérêt affiché de plusieurs entreprises françaises. Des partenariats ont été signés pour renforcer les capacités institutionnelles en matière de transparence et de gestion durable.
Cette tournée s’inscrit dans une stratégie plus large de rééquilibrage des relations franco-africaines. Face à la montée en puissance de la Chine, de la Russie et des pays du Golfe, la France cherche à se repositionner comme un partenaire agile, à l’écoute des priorités africaines. Emmanuel Macron a insisté sur une approche « d’égal à égal », valorisant les initiatives africaines dans les domaines de la sécurité, de l’énergie et de la jeunesse.
La délégation présidentielle était accompagnée de grands groupes comme TotalEnergies, EDF, CMA CGM, mais aussi de PME innovantes, avec des perspectives d’investissement dans les infrastructures, le numérique et l’agroalimentaire.
Souleymane Coulibaly
