Au cœur du désert du nord du Mali, la mine d’Intahaka, longtemps exploitée de manière artisanale et informelle, s’ouvre à une nouvelle étape de son histoire. Les autorités de transition ont lancé une opération d’envergure pour reprendre le contrôle de ce site aurifère, avec l’ambition de transformer une activité marginale en véritable moteur de développement national.
En octobre 2025, l’« opération Dougoukoloko » a mobilisé les Forces armées maliennes (FAMa) afin de sécuriser la zone située à une trentaine de kilomètres de Gao. Pendant des années, Intahaka a attiré des milliers d’orpailleurs maliens et étrangers, travaillant en dehors de tout cadre légal, dans des conditions souvent précaires et dangereuses. L’État a alors fixé un ultimatum aux exploitants informels, affirmant sa volonté de restaurer l’autorité publique et de mettre fin à l’exploitation illégale de cette ressource stratégique.
La gestion de la mine a été confiée à la Société nationale Sorem, détentrice d’un permis d’exploration depuis plus d’un an. Cette transition marque le passage à une exploitation encadrée, respectant des normes environnementales, sociales et fiscales plus strictes. L’objectif est double : assurer une valorisation durable des ressources aurifères et accroître les recettes fiscales et parafiscales de l’État malien.
La reprise d’Intahaka pourrait générer plusieurs bénéfices majeurs à en croire les économistes.
« Tout d’abord, elle va permettre l’augmentation des recettes publiques grâce aux taxes, redevances minières et partenariats, la création d’emplois formels dans l’extraction, la logistique, la sécurité et les services connexes. Elle va sans nul doute dynamiser l’économie locale, avec l’arrivée d’infrastructures, de services et de nouveaux acteurs économiques à Gao et dans ses environs.
Cette mine de Intahaka va Renforcer la souveraineté minière, en réduisant la dépendance aux exploitants informels et en encadrant les flux d’or », explique un économiste malien non moins spécialiste des questions aurifères.
Mais cette transition n’est pas sans enjeux. De nombreuses familles vivaient de l’orpaillage artisanal, souvent sans autre source de revenu. Le défi pour les autorités sera d’accompagner ces populations à travers des programmes de reconversion, de formation et d’inclusion, afin d’éviter une marginalisation accrue.
Dans un pays où l’or représente plus de 70 % des exportations, la formalisation de sites comme Intahaka s’inscrit dans une stratégie globale de maîtrise des ressources naturelles. Elle pourrait renforcer la position du Mali au sein de l’UEMOA et sur les marchés internationaux, tout en contribuant à la consolidation de la paix et de la gouvernance dans les zones fragiles.
Souleymane Coulibaly
