SECTEURSHydrocarburesPénurie des hydrocarbures au Mali: le carburant manque, la vie ralentie

Pénurie des hydrocarbures au Mali: le carburant manque, la vie ralentie

(L’ÉCONOMISTE DU MALI)- Sous un soleil implacable, les files d’attente s’étirent comme des serpents de métal devant les stations-service de Bamako. Des centaines de véhicules, moteurs éteints, attendent des heures parfois des jours dans l’espoir d’un plein. La crise du carburant, loin de s’essouffler, s’enracine dans le quotidien des Maliens, paralysant les moteurs… et les métiers.

Ces derniers jours, la situation a franchi un seuil critique. Ce n’est plus une simple pénurie, mais une asphyxie. De Magnambougou à Faladié, en passant par Niamakoro, les files d’attente s’étendent à perte de vue, serpentant entre les habitations, les marchés, les écoles. Des motos alignées comme des tombes silencieuses, des camions figés, des visages creusés par l’attente et l’épuisement.


« J’ai passé toute la journée dans cette station. Même pas un litre. C’est devenu une guerre de nerfs », lâche un chauffeur de moto-taxi, contraint de pousser sa moto pour rentrer chez lui.
Les stations encore ouvertes sont prises d’assaut dès l’aube. Des altercations éclatent, des policiers interviennent pour contenir la foule.


À certains endroits, les clients improvisent des abris de fortune pour patienter sous la chaleur. L’essence est devenue un bien aussi rare que vital. Chaque goutte alimente désormais une économie parallèle où les prix s’envolent.


« À Faladié, un litre se vendait à 2 500 francs CFA ce matin. C’est du jamais vu », témoigne une vendeuse de condiments, contrainte de marcher des kilomètres pour s’approvisionner.


Une économie à l’arrêt
Cette situation, inimaginable il y a encore quelques semaines, révèle l’extrême vulnérabilité des circuits logistiques du pays. Elle met à nu l’interdépendance entre mobilité, travail et dignité. Et surtout, elle expose une population déjà fragilisée à une nouvelle forme de précarité, où l’attente devient une routine, et l’incertitude, une compagne quotidienne.

Dans les ateliers, les chantiers, les imprimeries, les conséquences sont immédiates. Des milliers de Maliens se retrouvent en chômage technique, faute de carburant pour faire tourner les machines ou assurer les livraisons. Artisans, chauffeurs, livreurs tous voient leur activité suspendue, leur revenu menacé.


« Mon taxi est garé depuis deux semaines. Je n’ai plus rien pour nourrir mes enfants », confie un chauffeur à Banankabougou.


La presse aussi en panne


Les distributeurs de journaux ne sont pas épargnés. Les retards s’accumulent, les abonnés ne reçoivent plus leurs exemplaires à temps. Dans un pays où l’information est vitale, cette rupture fragilise encore davantage le lien entre les citoyens et les médias.


« Nous avons dû annuler plusieurs tournées. Sans carburant, impossible de couvrir les événements ou livrer les kiosques », explique un responsable de distribution à Bamako. Face à la colère grandissante, le gouvernement tente de rassurer. Par la voix du Premier ministre Abdoulaye Maïga, il promet une mobilisation de tous les moyens possibles.


Un plan d’action est en cours : sécurisation des convois, construction de nouveaux dépôts, coordination entre les acteurs du secteur.
Mais sur le terrain, l’attente reste longue. Et la tension, palpable.
O.M

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