(L’ÉCONOMISTE DU MALI)- La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) s’apprête à franchir un tournant historique avec le lancement du E-CFA, une version entièrement numérique du franc CFA. Cette initiative marque une avancée majeure dans la modernisation du système monétaire régional, tout en soulevant des enjeux cruciaux liés à la souveraineté, à l’inclusion financière et à la sécurité numérique.
Le E-CFA est une monnaie numérique officielle, équivalente au franc CFA traditionnel. Il est garanti par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest avec une valeur identique à la monnaie fiduciaire. Il est également accessible via smartphones, cartes numériques et applications mobiles.
Conçu pour faciliter les paiements électroniques et réduire l’usage des billets et pièces, ce projet vise à répondre à la montée des cryptomonnaies et des fintechs comme Orange Money ou Wave, renforcer la traçabilité et la sécurité des transactions dans la zone UEMOA, offrir une solution aux populations non bancarisées, notamment en milieu rural et redéfinir les rapports de dépendance monétaire vis-à-vis des institutions extérieures.
Malgré son potentiel, le E-CFA fait face à plusieurs obstacles l’accès limité à Internet dans certaines zones, le besoin d’une éducation numérique adaptée et la confiance dans les institutions financières et technologiques.
Mais des économistes, à l’image de Modibo Mao Makalou, ancien sherpa de la Commission de l’Union africaine et du NEPAD, saluent cette avancée stratégique.
« Avec cette monnaie électronique, les transactions sont instantanées. Elle permet d’effectuer des achats rapidement et en toute sécurité, car c’est la banque centrale qui garantit le réseau et émet l’argent. ».
Cependant, certains syndicats et commerçants expriment des inquiétudes quant à la transition. Le débat est lancé : comment garantir que cette mutation serve réellement les intérêts des citoyens, des artisans et des petites entreprises ?
O.M