Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a réaffirmé le rôle central de l’institution pour faire progresser la connectivité, l’industrialisation et l’intégration régionale de l’Afrique grâce à des investissements stratégiques alignés sur le Plan Mattei de l’Italie et l’initiative Global Gateway de l’Union européenne.
S’exprimant lors du Sommet de Rome sur le Plan Mattei et le Global Gateway qui s’est tenu le 20 juin à Rome, M. Adesina a mis l’accent sur les progrès réalisés par la Banque africaine de développement dans la mise en œuvre des priorités stratégiques, qu’il s’agisse des infrastructures, de l’énergie, de la connectivité numérique ou des chaînes de valeur. Il a appelé à un meilleur alignement entre les partenaires et à une accélération de la mise en œuvre sur le terrain, soulignant que les investissements de la Banque contribuent déjà à remodeler le commerce régional et la résilience économique.
M. Adesina a souligné, à titre d’exemple, le rôle catalyseur de la Banque dans le corridor de Lobito, avec un engagement d’un milliard de dollars sur cinq ans pour le développement des chaînes de valeur et des infrastructures urbaines. Il a également mentionné le développement du réseau ferroviaire Tanzanie-RDC-Burundi, où la Banque aide à la mobilisation d’un financement de 3,9 milliards de dollars aux côtés de partenaires internationaux. Ces efforts, a-t-il noté, reflètent une stratégie cohérente visant à transformer la géographie économique de l’Afrique grâce à une croissance verte et inclusive.
S’étendant du port de Lobito sur la façade atlantique de l’Angola jusqu’au cœur du continent, le corridor de Lobito est une voie cruciale pour le transport des minéraux, des biens et des personnes à travers l’Angola, la Zambie et la République démocratique du Congo, ouvrant d’énormes possibilités commerciales et industrielles pour les pays enclavés.
Ces développements ont été mis en avant lors d’une réunion des partenaires internationaux visant à aligner leurs efforts autour de nouveaux cadres de coopération (le Global Gateway de l’Union européenne et le récent Plan Mattei de l’Italie) qui visent à approfondir les investissements avec l’Afrique dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, des infrastructures et de l’innovation numérique.
M. Adesina a réaffirmé le rôle de la Banque en tant que partenaire clé pour la mise en œuvre de ces deux initiatives. Le Plan Mattei, lancé par l’Italie en 2024, vise à favoriser des partenariats équitables avec les pays africains, en mettant l’accent sur des secteurs stratégiques, tels que l’énergie, l’agriculture et les migrations. Le Global Gateway, la stratégie d’investissement de 300 milliards d’euros de l’UE, cible également le développement des infrastructures dans le monde entier, avec 150 milliards d’euros destinés à l’Afrique.
L’une des pierres angulaires de cette mise en œuvre est la facilité de financement du processus de Rome-Plan Mattei, un mécanisme hébergé par la Banque africaine de développement pour accélérer les projets d’infrastructures résilients au changement climatique. Le premier Conseil d’administration de la Facilité s’est déjà réuni et a approuvé une première série d’opérations dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et des transports.
« Nous avons créé un fonds spécial, et son premier Conseil d’administration s’est déjà réuni pour commencer à évaluer des projets, dont celui du corridor de Lobito », a déclaré M. Adesina.
Soulignant le rôle de premier plan joué par la Banque, il a rappelé que la première institution africaine de financement du développement a investi plus de 55 milliards de dollars dans les infrastructures au cours de la dernière décennie, ce qui fait d’elle le plus grand bailleur de fonds des corridors de transport régionaux en Afrique.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réaffirmé l’engagement à long terme de l’UE. « Global Gateway est un programme d’investissement qui combine des capitaux publics et privés (…). L’Afrique est un continent d’abondance, ce qui lui manque, c’est la connectivité », a-t-elle pointé.
Selon la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, « il ne s’agit pas d’initiatives descendantes, mais de projets concrets façonnés par le dialogue et une volonté commune de développement durable. L’approche adoptée par l’Italie est claire : respect, responsabilité, vision. »
M. Adesina a noté que l’accès à l’énergie était l’un des piliers essentiels de cette transformation. Il a mis en avant la Mission 300, une initiative conjointe de la Banque africaine de développement et de la Banque mondiale visant à raccorder 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici à 2030, et il a annoncé des négociations en cours avec la Commission européenne pour un paquet de 165 millions d’euros afin de développer les énergies renouvelables dans le cadre de ce programme.
M. Adesina a exhorté les bailleurs de fonds à soutenir une robuste 17e reconstitution des ressources du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque destiné aux pays à faible revenu, prévue cette année, afin de maintenir la dynamique du Plan Mattei et de l’initiative Global Gateway. « Ensemble, faisons davantage avec l’Afrique », a-t-il conclu.
Dans le même ordre d’idées, la Banque africaine de développement a signé une lettre d’intention avec le gouvernement zambien pour faire progresser le développement du corridor de Lobito, qui constitue une initiative régionale transformatrice dans le domaine des transports reliant l’Afrique australe et l’Afrique centrale.
Le projet comprend la construction d’environ 550 kilomètres de voies ferrées entre Chingola, dans la région du Copperbelt en Zambie, et la frontière angolaise, ainsi que la modernisation de 260 kilomètres de routes entre Chisese et Jimbe via Mwinilunga.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un protocole d’accord plus large entre la Banque, la Zambie, l’Angola, la République démocratique du Congo et des partenaires internationaux, notamment les États-Unis, la Commission européenne, l’Italie et Africa Finance Corporation. Elle vise à renforcer le commerce régional, à améliorer les infrastructures de transport et à stimuler l’intégration économique dans toute la région.