À l’issue d’une mission de deux semaines dans la capitale sénégalaise, le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé une préoccupation majeure quant à la situation budgétaire du pays. Selon Edward Gemayel, chef de mission pour le Sénégal, « jamais une dette dissimulée d’une telle envergure n’avait été observée en Afrique ». Cette déclaration, faite le jeudi 6 novembre 2025, marque un virage critique dans les échanges entre le FMI et les autorités sénégalaises.
Les experts du FMI ont mis au jour une accumulation de dettes non déclarées entre 2019 et 2024, évaluée à près de 7 milliards de dollars, soit environ 4 250 milliards FCFA. Cette charge, absente des statistiques officielles, ferait grimper le niveau réel d’endettement du Sénégal à près de 100 % de son PIB, dépassant largement les seuils de soutenabilité budgétaire.
Ces révélations viennent corroborer les alertes émises par la Cour des comptes dans son rapport de février 2025, qui pointait déjà des écarts significatifs entre les engagements financiers déclarés et les obligations réelles de l’État.
Face à cette situation, le FMI a décidé de geler les discussions autour d’un nouveau programme de financement, pourtant crucial pour soutenir les équilibres budgétaires du pays. L’institution exige désormais des mesures correctives concrètes, parmi lesquelles une centralisation rigoureuse de la gestion de la dette, la publication des audits sur les arriérés et une refonte des mécanismes de transparence budgétaire.
Le FMI précise que les échanges ne sont pas interrompus, mais qu’ils se poursuivront à distance dans les prochaines semaines, en attendant des engagements clairs de la part des autorités sénégalaises.
Néanmoins, cette alerte soulève de sérieuses interrogations sur la gestion des finances publiques, alors que le Sénégal est engagé dans de vastes chantiers d’infrastructures et de transition énergétique. Elle pourrait également fragiliser la notation souveraine du pays et freiner l’intérêt des investisseurs internationaux, déjà attentifs aux signaux de stabilité et de transparence.
Souleymane Coulibaly
