GESTIONS PUBLIQUESLeadersMali : les talents oubliés de l’UMAV

Mali : les talents oubliés de l’UMAV

(L’ÉCONOMISTE DU MALI)- Amadou M. N’Diaye, 47 ans, est non-voyant et guitariste, chef d’orchestre du groupe MIRIA à Bamako. Depuis l’âge de 4 ans, l’artiste musicien a été atteint par la cécité. Une épreuve qui ne l’a pas empêché de poursuivre ses études jusqu’à la Maîtrise à la Faculté des Lettres, Langues et Sciences humaines à l’Université de Bamako.

Il occupe le poste de secrétaire chargé à la Promotion sportive et culturelle à l’Union malienne des Aveugles, qui rencontre actuellement d’énormes difficultés en termes d’accompagnement.

Main dans la main, les deux collègues, Amadou N’Diaye et Yaya Traoré, tous non-voyants se déplacent lentement sans canne pour nous conduire vers l’unité de fabrication des craies. Dans cette unité qui relève de la Société de production artisanale des aveugles du Mali, SOPRAM, sont stockées plusieurs boites de craies dans les magasins. A chaque minute, les téléphones de nos deux guides sonnent. « Allo, c’est M. Kamissoko. Ça c’est notre manager », répond Amadou, le handicapé visuel.

Racontant sa vie, le non-voyant, Amadou Mamadou N’Diaye fera savoir qu’il a commencé ses études primaires en même temps que les autres enfants de son âge. Par le temps, il a été découvert que le jeune homme voit tout en noir même le lait. « J’ai commencé l’école en même que les autres enfants. Mais, il a été constaté que je ne voyais pas bien au tableau. Un jour, lors d’une cérémonie tenue à la grande famille, mon oncle m’a vu en train de ranger les chaises, et a demandé qui est ce dernier alors qu’il ne savait même pas que c’était son neveu. Il était directeur d’école, il m’a donc emmené chez mon grand-père, pour m’inscrire à l’IJA (Institut des jeunes aveugles), et j’ai commencé la première année en 1986. J’ai continué à la Flash, université de Bamako où j’ai décroché ma maîtrise en Sciences de l’éducation », nous a égrené le secrétaire chargé à la promotion sportive et culturelle de l’UMAV. « Aux animations des cérémonies officielles »En effet, ils sont nombreux et non-voyants qui travaillent à l’UMAV : guitaristes, pianistes, batteurs de batterie et Tamtams. ici, beaucoup d’activités sont menées. Il y a des études fondamentales, du premier cycle au second cycle.

La SOPRAM, produit de la craie, des serpillères et fait du tissage… On y fait aussi de la menuiserie avec des machines aujourd’hui défectueuses. Ils mènent également des activités culturelles et sportives. Les disciplines sportives s’articulent autour de athlétisme, football, goalball. Les joueurs disposent de deux genres de ballon : l’un se joue avec les pieds, l’autre avec les mains. Au sein de l’association, Il y a aussi une unité ophtalmologique et un atelier optique. Une salle pour l’initiation à l’informatique est installée dans la cour.Cependant, ces porteurs de handicap vivent dans une situation très précaire en raison des difficultés auxquelles ils font face.

Le chef de famille, aveugle, qui sait bien manier l’ordinateur comme un vrai voyant, travaille dans un groupe musical qui vit dans l’ombre en raison de la marginalisation de son orchestre lors des animations officielles. Selon Amadou, l’unique salle de répétition dont disposent les non-voyants artistes est très exigüe, en plus les matériels de l’orchestre sont dépassés avec l’heure du numérique.

« Au niveau scolaire, il y a des problèmes de fournitures scolaires pour aveugles comme le braille qui est un système d’écriture tactile. Ces matériels ne sont pas sur place, ils sont reçus sur commandes », a-t-il expliqué. S’ajoutent le manque d’ordinateurs dans la salle informatique et des équipements sportifs.

A la SOPRAM, « les craies sont de bonnes qualités sans preneurs. Elles se vendent timidement », décrie notre interlocuteur.Par ailleurs, ajoute-t-il, l’IJA est confronté à une concurrence, les produits étrangers sont plus prisés, le marché des serpillères est lent.

Au niveau du tissage, les matériels sont défectueux, mais les aveugles se débrouillent avec les moyens du bord. Il y a beaucoup de stocks de craie. Sur le plan culturel, il y a beaucoup de talents. Des jeunes qui font la guitare, du piano, du tamtam, manquent de salle digne de répétition et matériels musicaux. L’orchestre manque de visibilité. Ils ont besoin de participer aux animations des cérémonies officielles.

Dans le temps, il y avait AMPSA, Association malienne pour la promotion sociale des aveugles. Cette structure mère a changé en L’UMAV dans années 80. Mais tout a commencé avec l’école, donc il y avait IJA, Institut des Jeunes Aveugles, à la longue, il a été constaté qu’il n’y avait pas que les enfants seulement qui tombent aveugles. IJA a changé en INAV, institut national des aveugles du Mali.

D.Keita

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