À l’issue d’une mission virtuelle conduite du 10 au 21 novembre par Wenjie Chen, cheffe adjointe de division du FMI, a revu à la baisse ses projections de croissance pour le Mali en 2025. L’institution table désormais sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 4,1 %, contre 5 % annoncés dans sa précédente édition des Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne. Cette correction traduit un environnement économique marqué par des incertitudes persistantes, malgré une inflation attendue sous la barre des 3 %.
La révision s’inscrit dans un climat économique tendu au niveau régional. Les chocs exogènes insécurité, sanctions économiques passées, effets résiduels de la pandémie continuent de peser sur les perspectives de reprise. À cela s’ajoutent des défis structurels propres au Mali : une diversification économique limitée, une forte dépendance aux matières premières, des contraintes budgétaires croissantes.
Malgré les initiatives des autorités pour stimuler l’investissement public et renforcer la résilience, les incertitudes politiques et sécuritaires freinent la confiance des investisseurs. Cette prudence limite l’ampleur de la reprise et accentue la vulnérabilité de l’économie nationale.
Le maintien de l’inflation sous les 3 % constitue un signal positif. Cette stabilité des prix, remarquable dans un contexte mondial encore marqué par des tensions inflationnistes, s’explique par : une politique monétaire prudente de l’UEMOA, une relative modération des prix alimentaires et énergétiques.
Cependant, cette situation demeure précaire. Les aléas climatiques, les tensions géopolitiques régionales et les fluctuations des cours mondiaux pourraient rapidement remettre en cause cette stabilité.
Le FMI anticipe un rebond dès 2026, porté par : la reprise progressive de la production aurifère et une amélioration attendue de la situation sécuritaire. Pour le FMI le PIB pourrait alors croître de 5,5 %, avec une inflation ramenée autour de 2,5 %. L’institution appelle néanmoins à une vigilance accrue et à la poursuite des réformes structurelles pour préserver les équilibres macroéconomiques.
« La révision du FMI traduit une réalité : l’économie malienne reste vulnérable aux chocs externes et aux incertitudes internes. Le maintien d’une inflation contenue est certes une bonne nouvelle, mais il ne suffit pas à garantir une croissance durable. Le véritable défi réside dans la diversification de l’économie et la mobilisation des ressources fiscales. Sans cela, le pays restera dépendant des matières premières et exposé aux aléas internationaux», explique l’économiste malien Amadou Traoré maitre-assistant à l’Université des sciences économiques et de gestion de Bamako non moins, spécialiste des finances publiques.
Pour retrouver une trajectoire de croissance plus robuste et inclusive, le FMI invite le Mali à : renforcer la gouvernance économique et la mobilisation des recettes fiscales, diversifier son économie, améliorer le climat des affaires et promouvoir le secteur privé et d’investir dans les infrastructures et le capital humain.
Souleymane Coulibaly
