(L’ÉCONOMISTE DU MALI)-Alors que les secousses économiques se multiplient à l’échelle planétaire, le dernier rapport du Fonds Monétaire International (FMI), publié en octobre 2025, dresse un tableau saisissant de l’endettement public mondial.En comparant la dette publique au produit intérieur brut (PIB), l’institution met en lumière des ratios vertigineux dans plusieurs pays, révélateurs de fragilités structurelles, de crises prolongées ou de stratégies budgétaires audacieuses.
Ce classement, dominé par des économies aussi contrastées que le Japon, le Soudan ou Singapour, illustre la diversité et parfois la gravité des trajectoires budgétaires dans un monde en recomposition.
Les dix pays les plus endettés
Japon (230 %) : Malgré sa puissance économique, le pays reste en tête du classement, conséquence d’une politique de relance continue et d’un vieillissement démographique accéléré.
Soudan (222 %) : Miné par les conflits et l’instabilité, le pays cumule une dette écrasante.
Singapour (176 %) : Un cas particulier : ce niveau élevé s’explique par une gestion financière sophistiquée, adossée à d’importants actifs publics.
Venezuela et le Liban (164 %) : Deux États en crise prolongée, où l’effondrement institutionnel et l’hyperinflation ont creusé des déficits abyssaux.
Grèce (147 %) : Malgré les réformes post-crise, la dette reste lourde, héritage d’une décennie de turbulences.
Bahreïn (143 %) : La dépendance au pétrole et les dépenses publiques pèsent lourdement sur les finances. Italie (137 %) : Vieillissement, croissance atone et rigidités budgétaires maintiennent la dette à un niveau critique. Maldives (132 %) et Mozambique (131 %) : Deux petits États vulnérables, exposés aux chocs climatiques, sécuritaires et économiques.
Des puissances sous pression
États-Unis (125 %) : Le géant américain voit sa dette s’envoler, alimentée par des déficits chroniques et des dépenses militaires et sociales massives.
France (117 %), Canada (114 %), Royaume-Uni (103 %), Espagne (100 %) : Ces pays, malgré leur stabilité institutionnelle, peinent à contenir l’endettement dans un contexte de croissance molle.
Chine (96 %) : L’endettement progresse dans un climat de ralentissement économique et de relance post-pandémie.
Pays émergents et vulnérables
Sénégal (123 %) : Ce ratio interpelle, révélant les limites d’un modèle de développement fortement adossé à l’endettement extérieur.
Ukraine (109 %) : En guerre, le pays dépend largement de l’aide internationale pour maintenir son économie à flot.
Bhoutan (106 %), Sri Lanka (101 %), Brésil et Portugal (91 %), El Salvador (88 %), Égypte (87 %) : Des trajectoires diverses, souvent marquées par des chocs externes, des politiques d’endettement risquées ou des crises de gouvernance.
Ce classement ne reflète pas uniquement des faiblesses. Certains pays, comme le Japon ou Singapour, disposent d’actifs solides, de marges institutionnelles et d’une crédibilité financière qui leur permettent de gérer des niveaux d’endettement élevés.
D’autres, en revanche, sont au bord de la rupture et exposés à des risques de défaut ou de restructuration. Pour les pays africains comme le Sénégal, la question de la soutenabilité de la dette devient cruciale. Elle soulève des débats de fond sur les modèles de financement du développement, la dépendance aux marchés extérieurs et la nécessité de renforcer les ressources internes.
Dans un contexte de remontée des taux d’intérêt et de contraction des marges budgétaires, cette cartographie mondiale de la dette appelle à une réflexion collective sur la justice fiscale, la transparence budgétaire et les mécanismes de solidarité internationale.
O.M
