Une semaine après l’adoption de la loi de Finances 2026, l’économiste malien Modibo Mao Makalou, ancien sherpa de la Commission de l’Union africaine et du NEPAD, ainsi qu’ex-conseiller aux Affaires économiques et financières de la Présidence du Mali, s’interroge sur le réalisme des hypothèses retenues par le gouvernement. Il affirme que si la trajectoire de la dette publique reste jugée soutenable, les prévisions de croissance et d’inflation apparaissent selon lui « particulièrement optimistes » au regard de la crise énergétique que traverse le pays.
Les prévisions budgétaires pour 2026 reposent sur une hypothèse de croissance économique de 6,3 %, contre 6,0 % attendue en 2025. Pour M. Makalou, cette projection est « particulièrement optimiste », compte tenu des délestages et des difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures et produits dérivés. Le cadrage budgétaire prévoit une inflation moyenne de 2,5 % en 2026, contre 2,8 % en 2025. Or, rappelle l’ex-conseiller, « la moyenne de l’inflation en 2025 est supérieure à 5 % », ce qui, selon lui, laisse penser que les projections officielles pourraient être en décalage avec la réalité des prix à la consommation.
« Selon les hypothèses retenues, le PIB du Mali devrait atteindre 19 182 milliards FCFA en 2026, contre 17 358 milliards FCFA en 2025. Tous les secteurs d’activités sont censés enregistrer une croissance solide, mais ce sont surtout le secteur secondaire (mines et industries) et le secteur tertiaire (services financiers, transports, télécommunications) qui devraient jouer le rôle de moteurs, malgré qu’ils soient durement impactés par la crise énergétique », explique M. Makalou.
Sur le plan budgétaire, l’ancien sherpa de la Commission de l’Union africaine et du NEPAD souligne que la trajectoire d’endettement du Mali reste jugée soutenable à moyen terme.
« Le ministère de l’Économie et des Finances indique que l’encours de la dette publique rapporté au PIB s’élevait à 42,3 % dans la loi de finances rectificative et serait estimé à 43 % dans le projet de loi de finances 2026. Ce niveau reste largement en dessous du seuil de 70 % du PIB fixé par les critères de convergence de l’UEMOA, ce qui traduit une gestion « prudente et soutenable » de l’endettement public », ajoute-t-il.
Alors que le ministère de l’Économie et des Finances affirme que durant l’exercice 2026, la politique budgétaire viserait à maintenir un solde global compatible avec la viabilité et la soutenabilité de la dette publique grâce à une augmentation des recettes fiscales, Modibo Mao Makalou estime que le déficit budgétaire persistera, bien qu’il ait été réduit.
« On pourrait constater que le déficit budgétaire persistera en 2026 malgré une diminution récente : 81 milliards FCFA dans la loi de finances initiale 2025, 540 milliards FCFA dans la loi de finances rectificative et 520 milliards FCFA dans le projet de loi de finances 2026 », conclut-il.
Souleymane Coulibaly
