Le 30 octobre 2025, les autorités nigériennes ont dévoilé un ensemble de onze nouvelles taxes destinées à alimenter le Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie (FSSP). Ce mécanisme, présenté comme un levier pour renforcer la défense nationale, assurer la sécurité alimentaire et stimuler le développement socioéconomique, s’appliquera à l’ensemble des travailleurs du secteur public, parapublic et privé.
Les prélèvements varieront entre 1 % et 12 % des revenus mensuels nets. Les ONG, associations et entreprises ne sont pas épargnées, soumises à une contribution mensuelle à l’effort de guerre.
À Bamako, où réside une importante communauté nigérienne, les réactions ont été immédiates. Nombreux sont ceux qui dénoncent une mesure jugée inéquitable, surtout dans un contexte où certains fonctionnaires n’ont pas perçu leur salaire depuis plus de deux mois.
« L’État peine à tenir ses promesses, et ces nouvelles taxes sont vécues comme une double peine », déplore Boubacar Idi, enseignant dans une université privée malienne.
Au Niger commerçants et artisans redoutent une nouvelle détérioration de leur pouvoir d’achat, déjà mis à mal par la flambée des prix et l’inflation. Pour beaucoup, « le patriotisme ne doit pas se faire au détriment de la survie ».
Les jeunes diplômés et les chômeurs, très actifs sur les réseaux sociaux, expriment leur exaspération, appelant plutôt à une lutte efficace contre la corruption et à une meilleure gestion des ressources existantes.
Des voix critiques issues de la société civile fustigent le manque de dialogue et de transparence autour de ces décisions. Certains parlent d’un « impôt de guerre imposé sans débat », susceptible d’approfondir les fractures sociales. Face à ces critiques, les autorités invoquent la nécessité de consolider la souveraineté économique et de répondre aux menaces sécuritaires, dans un contexte marqué par les sanctions internationales et la réduction des aides extérieures.
Mais cette rhétorique peine à convaincre une population déjà éprouvée. La mise en œuvre de ces mesures fiscales pourrait bien devenir un test de légitimité pour le gouvernement militaire. Si les citoyens acceptent ces sacrifices au nom de la patrie, cela pourrait renforcer la cohésion nationale. En revanche, si la contestation s’intensifie, des mouvements sociaux pourraient émerger, notamment dans des secteurs névralgiques tels que l’éducation et la santé.
Souleymane Coulibaly
