A LA UNEPENURIE DE CARBURANT AU MALI : Une économie à bout de souffle

PENURIE DE CARBURANT AU MALI : Une économie à bout de souffle

(LECONOMISTE DU MALI)-Depuis plusieurs semaines, le Mali est frappé par une pénurie de carburant sans précédent. Les files d’attente devant les stations-service s’étendent sur des kilomètres, les transports sont paralysés, et les prix s’envolent. Cette crise énergétique affecte profondément le quotidien des citoyens et ralentit dangereusement l’économie nationale.

À l’origine de cette pénurie : un embargo imposé depuis septembre par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à al-Qaïda. Les convois pétroliers en provenance de la Côte d’Ivoire et du Sénégal sont régulièrement attaqués sur les routes maliennes, malgré les escortes militaires. Résultat : l’essence et le gasoil se font rares à Bamako et dans plusieurs capitales régionales.

Les bus et taxis circulent au ralenti, contraignant des milliers de citoyens à marcher ou à renoncer à leurs déplacements. Les petits commerçants, artisans et agriculteurs peinent à acheminer leurs marchandises. Les générateurs, indispensables dans les zones sans électricité stable, sont à l’arrêt, aggravant les coupures d’électricité.

Selon plusieurs économistes, la pénurie pourrait entraîner une contraction du PIB si elle se prolonge. « Chaque jour de blocage coûte des millions de francs CFA à l’économie nationale. Le secteur informel, qui représente plus de 80 % des emplois, est le plus vulnérable », confie un expert sous couvert d’anonymat.

D’autres spécialistes alertent sur la dépendance excessive du Mali aux importations pétrolières. « Il faut accélérer les investissements dans le solaire, le biogaz et les carburants alternatifs. Sinon, chaque crise sécuritaire se transformera en crise économique », avertit l’économiste M. Sidibé.

Face à l’urgence, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures : rationnement du carburant, priorisation des services essentiels, et négociations pour sécuriser les corridors d’approvisionnement. Mais sur le terrain, les populations doutent de l’efficacité de ces mesures.

« On nous parle de solutions, mais on ne voit que des pompes vides et des motos poussées à la main. C’est à travers nos motos qu’on nourrit nos familles. S’il n’y a pas de carburant, impossible d’aller travailler », témoigne un jeune passant, contraint de pousser sa moto de Daoudabougou à Faladié.

Au-delà des mesures d’urgence, il faudra repenser l’approvisionnement énergétique, sécuriser durablement les routes, et surtout, écouter les cris silencieux de ceux qui, chaque nuit, veillent devant une pompe vide. Car derrière chaque moto poussée, chaque commerce fermé, c’est une famille qui vacille, une économie qui s’essouffle, et une nation qui attend de retrouver son souffle.

O.M

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